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Alimentaire mon cher Watson! Anne Martinetti, Chêne

Qui nage dans le potage ?

Qui aurait imaginé que Sherlock Holmes, super flic sec et taciturne créé par Arthur Conan Doyle, était un fin gourmet ? A part sa pipe, je n'avais pas le souvenir de l'avoir lu manger autre chose. Mais Anne Martinetti a pisté la gourmandise entre les lignes, elle démontre au contraire qu'il fréquentait les grandes tables du Londres Victorien avec joie et appétit et que les bons petits plats de Mme Hudson servis au 221b Baker Street ne ravissaient pas que ce cher gros Watson. Ce beau livre présente les principales enquêtes de Sherlock Holmes, avec citations, extraits et dessins, et met en parallèle les recettes concernées de près (citées dans les écrits de Conan Doyle) ou de plus loin (rapports suggérés mais pas toujours évidents). Les photos de Philippe Asset ont un joli accent british rétro plein de charme. Sympathique et intelligente façon de faire découvrir le meilleur de la cuisine anglaise, souvent raillée car méconnue, et de donner envie de lire ou relire les enquêtes de Sherlock Holmes qui demeurent un top du genre.

Alimentaire mon cher Watson ! Anne Martinetti, Chêne, 356 p 35 €.

J'ai adoré : L'ambiance du livre totalement en phase avec celle des romans et nouvelles de Conan Doyle, la documentation riche, les commentaires précis de l'auteur, des recettes séduisantes dont deux essayées et délicieuses, le British rice aux petits pois (j'ajoute du haddock) ou le rôti de boeuf au Yorshire pudding (un gâteau salé ! Extra).

J'ai regretté  : L'absence de liste des titres d'Arthur Conan Doyle en fin d'ouvrage. Il a écrit 4 romans et 56 nouvelles avec son héros ! Dommage tout de même de ne pas profiter de ce beau livre hommage pour inciter à mieux connaître Sherlock Holmes et donc à lire !!! Le plus célèbre de ses romans est Le chien des Baskerville (1902) mais mon préféré est La vallée de la peur (1915). Excellent, je vous assure, à lire et à offrir absolument !! (3,50 € Livre de Poche).  

Dans la rubrique Recettes Littéraires ici sur mon blog je vous donne une recette anglaise que j'adore et qui ne figure pas dans ce livre : Oeufs brouillés et petits sandwiches à la laitue, un basique du brunch !! Bon appétit et bonne lecture.

 

 

Samedi 5 juin : trois écrivains pour les 100 ans de l'hôtel Lutétia !

L'Hôtel Lutétia fête ses 100 ans et à cette occasion organise tout au long de l'année soirées et festivités autour du jazz, des Belles Lettres, des expos photos et peinture et des plaisirs de la table. Samedi 5 juin venez découvrir le recueil de trois Nouvelles inédites écrites par trois  écrivains aux plumes belles et très différentes. Le célèbre palace de la rive gauche a eu l'excellente idée de les inviter à séjourner dans ses murs pour écrire ce que les longs couloirs, les lourdes portes, les épaisses moquettes racontent... Ils ont habité au Lutétia comme on habite en littérature... Le résultat est à découvrir de 18H à 19H samedi 5 juin dans l'un des prestigieux Salons de l'Hôtel Lutétia en présence des trois auteurs. Lecture par Carole Bergen et Valérie Delbore des Mots Parleurs suivie d'une séance de dédicaces et d'un cocktail. Le recueil de Nouvelles est publié par les éditions Cadex, 50 p, 20 €.

Réservation indispensable s'il vous plait. Participation : 10 €/pers.

Hôtel Lutétia Paris Rive Gauche, 45 Bd Raspail, Paris 6è.

http://www.leslivresquejaime.net/

 

Oeufs brouillés et sandwiches à la laitue

La cuisine anglaise traditionnelle est mise à l'honneur par Anne Martinetti dan son délicieux livre "Alimentaire mon cher Watson !" (Chêne). Il manque juste ma recette préférée : celle des oeufs brouillés escortés de leur petits sandwiches à la laitue. La recette de mes brunchs paresseux. La voici :

Pour deux :

Pour un sandwich à la laitue : tartiner 2 tranches de pain de mie complet super moelleux (après avoir ôté les bords) de moutarde anglaise Collman (à défaut Savora). Ajouter deux belles feuilles de laitue ciselées sur une tranche de pain et quelques gouttes de sauce Worcestershire et refermer avec l'autre tranche. Envelopper serré dans du film alimentaire et réserver au frais au moins 1 heure. (compter un sandwich par personne). Au moment de servir, enlever le film alimentaire et couper en deux en diagonale avec un couteau à pain.

Pour les oeufs brouillés : Faire fondre une noix de beurre dans une casserole, casser un à un cinq oeufs dans la casserole, saler et poivrer, mélanger au fouet puis remuer à feu doux sans arrêt jusqu'à obtenir la consistance crémeuse souhaitée. En fin de cuisson ajouter soit du parmesan râpé, soit une cuillère de crème fraîche, soit des petits morceaux de saumon fumé ou de la ciboulette ciselée. Nature c'est très bon aussi. Servir chaud avec les petits sandwiches à la laitue. Bon brunch !  
  

Pour acheter mes coups de coeur :

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Les étranges talents de Flavia de Luce

Un polar rigolo à piquer aux ados !

Elles sont trois filles, trois authentiques petites pestes, filles d'un vieux colonel veuf distant et sévère, dans un beau manoir Géorgien perdu en pleine belle campagne anglaise. Flavia, la plus jeune, très délurée pour ses onze ans, est super maline et toquée de chimie. La mise au point de poisons (destinés à ses soeurs) occupe ses journées. Terrible petite fille d'une drôlerie irrésistible ... Un matin, elle découvre un cadavre parmi les concombres du potager. Pas émue pour deux sous elle se lance dans une enquête, avec sagacité et courage, à la barbe de l'inspecteur local. Elle tient à innocenter son père, suspect N°1 et gagner ainsi (enfin) son affection. Car elle a le coeur tendre cette vilaine petite Flavia. Ambiance délicieusement Agatha Christie version années 50 avec beaucoup plus d'humour mais autant de tea time, vieilles dames revêches, meubles patinés, domestiques dévoués, flics bonasses et intrigue impeccablement construite.

L'auteur a soixante dix ans et signe ici son premier roman. J'espère que Flavia de Luce nous fera vivre d'autres aventures aussi drôles et trépidantes. Traduit de l'anglais (Canada) par Hélène Heissler.   

J'ai adoré le caractère impétueux, indépendant et insolent de Flavia, ses réparties vives pleines d'esprit, les relations de chipies entre les trois soeurs, les personnages très bien marqués (les gentils d'un côté, les méchants de l'autre), l'ambiance so british et les méandres habiles de l'intrigue. Bien écrit, avec simplicité, bonne humeur et énergie, ce roman cite en plus d'excellentes références de romans anglais et américains que tous les juniors devraient lire (et les grands avoir déjà lus). On le lit et on leur offre après !

Les étranges talents de Flavia de Luce, Alan Bradley, JC Lattès, 356 p, 17 €
 

BRAVO ! BRAVO !!

Philippe Claudel reçoit le Prix du meilleur roman étranger en Grande-Bretagne The Independant Foreign Fiction Prize (IFPP) pour son remarquable roman Le rapport de Brodeck (Stock 2007).

Avec lui en finalistes un français, Alain Mabanckou, la romancière allemande Julia Franck, l'Italien Pietra Grossi, le bengali Sankar et le syrien Rafik Schari.

L'occasion de lire, relire ou offrir ce roman majeur. L'histoire d'un brave fonctionnaire d'un petit village de l'Est de la France dont le métier consiste à faire des comptes rendus méticuleux et précis sur la flore, les saisons et leurs variations climatiques. On lui demande un jour de raconter la guerre dans son quotidien, pas de faire un roman, juste un rapport comme les autres. On ne sait pas de quelle guerre il s'agit, même si l'on pense très fort à celle du début des terribles années 40. Ce que dit ce roman c'est combien toutes les guerres se ressemblent : cruelles, violentes et absurdes. La notion "d'étranger" autorise toutes les horreurs. Brodeck écrit simplement ce qu'il a vu, entendu, non sans une grande naïveté. Confessions poignantes, terribles. Un roman d'une humanité rare.

Le rapport de Brodeck, Philippe Claudel, Le livre de Poche 6,95 € 

Patiya Kari et ladies fingers (poulet au curry et okras)

Dans le succulent nouveau roman de Martin Suter, le Cuisinier, (voir coups de coeur de mai) lorsque Maravan invite à dîner pour la première fois la jolie Andrea, il lui prépare un Patiya Kari avec des ladies fingers pour la séduire. Cela a l'air très bon et... très efficace. Mais dans le cahier de recettes en fin du livre, celle-ci n'y figure pas, donc je me suis mise aux fourneaux et la voici : 

Pathiya kari et ladies's fingers 

Pour 2 personnes :

300 g de blancs de poulet

25 cl de crème de coco

2 cuill à soupe d’huile de coco

300 d’okras (ladie’s fingers)

100 g de riz basmati

Mélange d’épices : 10 feuilles de calioupé (feuilles de curry), ½  cuill à café de piment rouge en poudre, une ½ cuill à café de poivre noir en grains, 3 graines de cardamome écrasées, une cuill à soupe de graines de cumin, une cuill à café de graines de fenurec, une cuillère à soupe de graines de coriandre, une cuill à café de graines de moutarde, une cuill à soupe de curcuma en poudre, un petit morceau d’écorce de cannelle, 30 g de beurre.

 

(photo : feuilles de calioupé et okras, nommés gombos en Afrique)

 

La veille

. Faire fondre le beurre dans une poêle et y mettre à revenir le mélange d’épices. Remuer. Quand les épices sont bien grillés (pas cramés!!), les verser dans le bol du mixer et réduire le tout en une poudre fine. Réserver une nuit dans un récipient hermétique.

 

Le jour même :

. Remplir une casserole d’eau salée et la porter à ébullition. Verser le riz et cuire 12 minutes.

. Dans une sauteuse verser les épices et le lait de coco. Faire chauffer à feu doux en mélangeant pendant cinq minutes. Filtrer au chinois (passette pointue) et remettre la sauce lisse obtenue dans la sauteuse puis sur feu doux. Ajouter le poulet coupé en morceaux. Saler. Cuire 6 à 8 minutes en remuant de temps en temps.

. Laver et essuyer les okras. Les débiter en grosses rondelles. Les ajouter au poulet 2 à 3 minutes avant la fin de cuisson. (Ne pas cuire trop les okras sinon ils deviennent gluants). Mélanger délicatement.

.Egoutter soigneusement le riz. Saler et ajouter une noix de beurre.

.  Servir le Patiya Kari chaud avec le riz.

Vous pouvez remplacer les okras par des courgettes coupées en petits cubes ou du concombre. Bien sûr, vous pouvez remplacer le mélange d'épices par un curry acheté tout prêt, mais cela n'a rien à voir !!!

Quant à vous dire si cela fait de l'effet... Oui!!!.. Comme tous les bons petits plats préparés avec amour. 

Rencontre avec Stéphanie Blake samedi 29 mai

Elle imagine des histoires drôles et tendres pour les petits, avec des dessins malicieux, colorés et très graphiques. Des pages de pur plaisir régressif que j'adore lire et relire. Stéphanie Blake est une américaine qui vit à Paris, elle a publié un trentaine d'albums à ce jour, tous à l'Ecole des Loisirs. Mon préféré est "Caca boudin". Si vous n'avez pas lu cette petite merveille, cela manque cruellement à votre épanouissement personnel. Séance de rattrapage samedi 29 mai à l'Hôtel Lutétia de 14H à 18H !

14H à 15H30 : Atelier peinture animé par Stéphanie Blake pour des enfants de 4 à 8 ans. Places limitées, réservation indispensable. (10 €/enfant).

15H45 à 16H30 Lecture de quelques un des albums de Stéphanie Blake. A partir de 4 ans. Suivi d'un goûter/dédicaces où les grands sont acceptés.

Hôtel Lutetia 45 bd Raspail Paris 6è. C'est déjà complet ! Désolée...

 

Mes petits biscuits de lecture

Photo : version

aux pépites de

chocolat.

Quand je lis ailleurs que dans mon lit le soir, j'aime le confort d'un vieux fauteuil, le silence, une tasse de café très allongé ou de thé bien chaud et quelques bons biscuits à grignoter. Pas vous ? Je connais plein d'adresses où acheter de succulents biscuits.Mais en bonne gourmande j'ai mis

au point ma recette et j'avoue que ce sont mes préférés ! Le week-end, je m'installe douillettement avec un bon roman et ces miettes sablées. Elles font partie de mon plaisir de lire. Essayez, vous verrez...

Ils sont très faciles à faire mes petits biscuits de lecture :

Dans le bol du mixer versez 300 g de farine, une cuillère à café de fleur de sel, 100 g de sucre et 150 g de beurre coupé en morceaux. Mélangez. Ajoutez un oeuf entier et une cuillère à soupe d'eau de fleur d'oranger. Mélangez à nouveau et mettez en boule. Enveloppez sous un film alimentaire et hop ! au frigo une heure.

Sortez la boule de pâte du frigo et ôtez le film plastique. Laissez la pâte se réchauffer un peu pour qu'elle soit souple à travailler. Préchauffez le four chaleur tournante à 210°. Recouvrez la lèche frite avec une feuille de papier cuisson. Etalez la pâte au rouleau sur le plan de travail légèrement fariné et sur 2 cm d'épaisseur. Pas plus, pas moins.

A l'aide d'un emporte-pièce de votre choix (rond dentelé, fleur, coeur, etc.) de 6 cm de diamètre, découpez des formes de pâte et déposez-les sur la feuille de papier cuisson. Délayez un jeune d'oeuf avec une cuillère à soupe d'eau de fleur d'oranger et badigeonnez les biscuits au pinceau. Enfournez pour 10 à 12 minutes. 

Récupérez les chutes de pâte, mettez les en boule et formez de nouveaux biscuits jusqu'à épuisement de la pâte. Vous devez pouvoir en faire une bonne trentaine. 

Les biscuits doivent être dorés mais pas carbonisés ! Alors, on surveille la cuisson.  C'est meilleur le lendemain alors, on les planque...

Parfois je mets peu de sucre dans ma pâte, 50g, et je tartine mes biscuits d'une excellente confiture de framboises sans pépin. Waouh !!

 Délicieuse lecture !
 

  

Deux caravanes, Marina Lewycka, Les 2 Terres

Un roman fort et désopilant !

Ils viennent de partout : Ukraine, Pologne, Roumanie, Zimbabwé, Chine, etc. Ils sont jeunes, courageux et volontaires pour un travail rémunérateur saisonnier en Angleterre. Une bande de joyeux lurons naïfs et querelleurs va ainsi se retrouver réunis dans une plantation de fraises dans le Kent, le temps d'un été. Les cueilleurs dorment empilés dans une caravane, les cueilleuses dans une autre. Ambiance. Immigrants crédules, gangsters russes et fermiers escrocs vont s'affronter dans un loufoque, et pourtant assez sordide, face à face qui va se transformer en une course poursuite à travers le pays, car les fraises mènent loin... 

J'ai adoré le burlesque du roman, ses situations folles, ses personnages déjantés comme la pulpeuse Yola ou Emmanuel l'africain prêcheur, ses dialogues drôles à l'accent russe très bien restitué avec fautes d'anglais incorporées. L'histoire d'amour, fraîche mais compliquée, entre la jolie Irena et Andriy apporte une note romantique sans mévrerie. Les horribles Vulk et Vitaly, l'un avec son révolver l'autre avec son "mobilfon" vrillé à l'oreille, caricaturent les pratiques mafieuses de ce trafic humain si lucratif. C'est le point fort de ce roman, à l'écriture et la construction impeccables : derrière le rire, le drame de l'immigration clandestine dans toute son horreur est violemment dénoncé, les filières et leurs appuis, l'argent sale, la prostitution, la misère. Pas si léger finalement... C'est ça le talent.

Traduit de l'anglais par  Sabine Porte.

Deux caravanes, Marina Lewycka, éditions Des 2 Terres, 432 p 22 €  

Le premier roman de Marina Lewicka était également une pure merveille de cocasserie "L'histoire du tracteur en Ukraine" (éditions Des 2 Terres également). A lire absolument !