lillyinthevallee

12è Festival du Livre d'Hossegor du 2 au 4 juillet

Pour ne pas bronzer idiot !

 Hossegor a la bonne idée de célébrer les biographies et les livres historiques. Son 12è Salon du Livre explose de santé. Un bon choix car ce thème réunit de plus en plus de fans. Une centaine d'auteurs vous attendent pendant ces trois jours de rencontres, échanges et conférences. A ne pas louper : Laurent Binet et son extraordinaire roman "hhhh" (je vous en parle bientôt!), Raphaëlle Bacqué (Le dernier mort de Mittérand), Sophie Avon (Les belles années), Henriette Chardak (Cervantès) et l'excellente Dominique Bona (bio de Clara Malraux et celle de Stefen Sweig). Jean Sevillia donnera une conférence "Le dernier Empereur Charles d'Autriche" (Perrin) et il recevra le Prix de la Biographie de la ville d'Hossegor. Il n'y a pas que le surf, la plage et l'Espelette dans la jolie station basque, le livre historique est roi avec trois journées de belles pages à tourner au soleil. Hop, on fait sa valise !

Casino d'Hossegor du 2 au 4 juillet, entrée libre, programme : www.hossegor.fr 

Nage libre, Nicola Keegan, éditions de l'Olivier

1er roman remarquable !

Née dans une famille mélancolique du Kansas marquée par le deuil, Philoména est une jeune fille mal dans sa peau et dans sa vie. D'un physique ingrat et d'une timidité maladive, elle ne se fait pas d'amis et elle en souffre. Elle allège sa peine dans l'eau où elle se sent légère, libre et excellente. Elle nage des heures pour tout oublier, jusqu'à ne devenir qu'un puissant souffle. Un jour, un célèbre entraineur la repère. Pour Philoména, la vraie vie commence. Elle devient très vite une athlète hors du commun et rafle des tas de médailles aux JO de 1984 et 1992 dans l'indifférence quasi complète de sa famille. Peu lui importe, elle a enfin plein d'amis, elle découvre l'amour et la gloire avec un appétit nouveau. Cette vie de compétitions acharnées l'épuise. Le jour où son corps lâche, la mélancolie familiale la rattrape. Philoména va devoir mettre fin à sa carrière. Comment exister sans ? Un autre défi lui tend les bras. Parviendra-t-elle à le relever ? Ce roman souligne avec humour, poésie et finesse, la difficulté de trouver sa voie, sa place, d'inventer sa vie. Il questionne sur l'estime de soi, le poids du regard des autres et sur l'héritage des failles familiales. Un remarquable roman au ton atypique. Une nouvelle voix est née ! Nicola Keegan vient des USA, elle est d'origine Irlandaise et elle vit à Paris.

J'ai adoré Philoména,  ses pensées et ses remarques acerbes et drôles, sa relation étrange aux autres, son besoin maladif d'amour, son désir "d'être" quelqu'un, sa force physique à l'opposé de sa fragilité mentale. Un portrait de femme actuelle, vivant et furieusement attachant. L'écriture de Nicola Keegan dégage une énergie formidable qui balaie tout risque de tristesse.  A lire absolument. 

Traduit de l'anglais (américain) par Madeleine Nasalik.

Nage libre, Nicola Keegan, éditions de l'Olivier, 426 p 23 €, en vente sur ce blog.

  

Les raisons du coeur, Mary Westley, Héloïse d'Ormesson

Merveilleusement frivole !

Dans les années 20 les anglais fortunés avaient l'habitude de passer leurs vacances à Dinard. Des familles au grand complet envahissaient pour plusieurs semaines les hôtels de la petite station et vivaient à leur rythme insouciant : tennis, pique-nique, danse, thé... Ce printemps 1926, la solitaire Laura aux grands yeux déjà troublants a 10 ans. Fille unique d'un couple qui ne s'intéresse pas à elle, elle se lie avec une bande de jeunes gens. Elle tombe folle amoureuse de trois garçons : Félix, Hubert et Cosmo. Ils ont 17 ans et la trouve attirante malgré son jeune âge. Ils se promettent de se revoir, de s'aimer un jour... Dix ans plus tard, les parents de Laura envisagent de la marier à un officier de l'armée des Indes pour s'en débarasser au plus vite. Laura bravera la colère de ses parents et la morale corsetée de l'époque, le bâteau partira sans elle. Elle ne désire qu'une chose : vivre d'amour avec Félix, Hubert et Cosmo. Une folie ? Un choix de vie. Roman drôle, irrévérencieux à souhait qui se joue des conventions et dénonce l'hypocrisie d'une société basée sur la rigueur et le devoir. Les dialogues sont délicieux, plein d'esprit. Le ton ironique et insolent est un pur régal. Un vrai bon roman d'été !

J'ai adoré : l'ambiance so british, le personnage déluré, immoral et adorable de Laura, les époques qui s'enchaînent avec quelques excellentes leçons de politique glissées ici et là l'air de rien et bien sûr cette vision de l'amour éternel, absolu, capable de tout. Génial.  

Traduit de l'anglais par Michèle Albaret.

Les raisons de coeur, Mary Westley, Héloïse d'Ormesson 528 p 23 €, en vente sur ce blog.

 

 

Signé Mata Hari, Yannick Murphy, Le Toucan

Terriblement séduisant !

On croyait tout savoir de la belle espionne exécutée à l'aube de ses 42 ans en 1917, accusée d'espionnage pour le compte des Allemands. Ce roman, au rythme très enlevé et à la plume sensuelle, a la bonne idée d'imaginer une autre facette à cette femme sulfureuse. Plus intime, rêveuse, naïve et motivée par tout autre chose que l'argent, la gloire et le pouvoir. Margaretha Zelle (Mata Hari) raconte l'histoire de sa vie à l'inpecteur Boucheron dans la prison Saint-Lazare où elle attend son jugement. Après une enfance lugubre en Hollande, dans les brumes de la mer du nord, elle épouse un officier de la marine en partance pour Java. Elle ne l'aime pas, elle souhaite juste partir. Elle va découvrir le plaisir des sens dans une nature luxuriante et torride. Son mari s'avère brutal et infidèle. Elle l'ignore et se consacre pleinement à leurs deux jeunes enfants, à l'amour et à la danse jusqu'au jour où le drame entre dans sa vie. Le retour en Hollande est rude et la belle Margaretha se retrouve seule et à la rue. Elle deviendra danseuse et se construira une identité en transformant son nom et ses origines. Sa beauté et ses arabesques scandaleusement érotiques mettront les personnalités les plus influentes de la planète à ses pieds. Son intelligence, sa puissance de séduction et le mystère qui entoure sa vie font d'elle une coupable idéale. Fut-elle la traitresse froide et calculatrice que l'Histoire nous a présentée ? Et si oui, pourquoi ? Ce roman passionnant et passionné, très bien écrit à deux voix, lève le voile.

J'ai adoré : les descriptions de Java, la végétation, les pluies torrentielles interminables, la chaleur moite, cette vie dolente et sensuelle. Le portrait de Mata Hari intrigue, sa personnalité apparaît ici plus complexe, étrange. Il y a quelque chose de fascinant dans ce personnage créé par Yannick Murphy, une innocence à laquelle j'ai terriblement envie de croire. J'ai lu ce roman d'un trait !

Traduit de l'anglais (américain) par Claire Breton.

Signé Mata Hari, Yannick Murfy, éditions Le Toucan, 320 p 22 € en vente sur ce blog.

 

Pour acheter mes coups de coeur

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L'appel de la rivière, Ketil Bjornstad, JC Lattès

Passion sublimée par la musique !

A dix-neuf ans Aksel Vinding connaît déjà la douleur de la perte. Sa mère s'est noyée par accident il y a deux ans, à la suite de quoi son père est parti refaire sa vie. La mort le frappe à nouveau quand Anja, sa jeune fiancée pianiste promis à un bel avenir comme lui, meurt des suites d'annorexie. Le doute et le chagrin l'habitent. Sa professeur de piano le harcèle pour qu'il donne tout à son art. Aksel ne croit plus en rien. Il trouve un écho à sa douleur auprès de Marianne, la jeune mère d'Anja de dix-sept ans son aînée. Elle lui loue la chambre d'Anja pour ne plus être seule. Tous les deux ensemble, côte à côte, ils luttent, chacun enfermé dans son silence et dans sa musique. Aksel se remet à jouer Beethoven sur le magnifique piano à queue d'Anja et prépare son concours. Marianne écoute Joni Mitchell en boucle. Ils trouvent une voie vers la consolation, l'amour les cueille sans qu'ils s'en étonnent. Mais en 1970 la morale ne fait pas bon ménage avec les sentiments. Quel est l'avenir de leur violente passion ? Qu'est-ce qu'Aksel sait de la fragile Marianne ? De son histoire ? Très beau roman sur l'amour absolu, le deuil et la place de la musique dans la vie. Citations d'excellentes oeuvres pour piano avec interprètes de poids. Emouvante histoire d'amour lumineuse et sombre, servie par une écriture magnifique de sensibilité, pudeur et intelligence. On referme le roman avec un seul désir : recommencer !

J'ai adoré : tous les passages décrivant les morceaux de piano joués ou écoutés par Aksel, l'écriture possède une telle force d'évocation que la musique emplit toute la tête. L'auteur est pianiste, ses émotions donnent une densité extraordinaire au récit. Le piano, consolateur et objet de souffrance, est un personnage à part entière dans cette histoire. J'ai adoré également l'ambiance étrange et "boderline" quelque chose de dramatiquement beau qui pique les yeux. A lire de toute urgence !!!

Traduit du norvégien par Jean-Baptiste Coursaud.

L'appel de la rivière, Ketil Bjornstad, JC Lattès, 400 p, 21,50 €

A lire du même auteur : La Société des Jeunes Pianistes, avec le même jeune héros ivre de musique (6,95 € Le Livre de Poche)

  

Le monde flottant, Alan Spence, Héloïse d'Ormesson

Roman historique exaltant !

Thomas Glover a à peine vingt ans quand il quitte son écosse brumeuse en 1858 pour Nagasaki, comptoir de commerce balbutiant dans un Japon féodal et hostile. Les cruels samouraïs ne voient pas d'un bon oeil l'installation d'étrangers nommés "barbares" sur leur terre. A coeur vaillant rien d'impossible, Tom se lance avec enthousiasme et succès dans le commerce de la soie, du riz, de l'opium, des armes. Sans scrupule, malin et audacieux, tout lui réussit. Même les geishas du "Monde Flottant" tombent amoureuses de ce grand roux coléreux mais courtois. Très vite il devient riche et puissant. Cela ne va pas sans s'attirer les foudres et la haine des chefs redoutables de clans locaux qui n'ont qu'une envie : le supprimer. Comment le jeune mais robuste écossais va s'en sortir ? Basé sur des faits réels, ce roman d'aventures captive du début à la fin. Très bien documenté il nous livre plein de détails passionnants sur cette importante page d'histoire du Japon. L'écriture fluide et colorée emporte totalement, la description des paysages fait rêver. Thomas Glover est venu conquerrir le Japon, il sera conquit à jamais par la floraison des cerisiers, la subtilité de la philosophie zen, l'art du haïku et le sens de l'honneur des Samouraïs. J'avoue que moi aussi... 

J'ai adoré tous les détails précis sur la culture et les traditions japonaises (avec plein de mots et d'expressions traduits) et, bien sûr, j'ai adoré Thomas Glover, intrépide et positif, son sens de l'amitié, son amour sincère pour le Japon, sa vie pleine et aventureuse, ses succès. Je me suis totalement identifiée à ce personnage ! Il parait qu'il a inspiré le rôle de l'officier dans Madame Butterfly de Puccini. Je le trouve bien plus romanesque. Seul bémol : il est un rien macho et, pour lui, l'amour se résume à une affaire bien conclue, pour son simple plaisir. Mais bon... Nobody is perfect.  

Traduit de l'anglais (Ecosse) par Philippe Giraudon

Le monde flottant, Alan Spence, Héloïse d'Ormesson, 536p 23 €

 

Les amants de la terre sauvage, Katherine Scholes, Belfond

Hymne à la savane africaine !

Oui le titre et la couverture font kitch à mort mais je vous assure que le texte est beau et la plume sensible. En anglais, le titre colle mieux "la femme du chasseur". Car il s'agit de la vie de Mara, jeune australienne tombée amoureuse d'un chasseur propriétaire d'un lodge en Tanzanie. Nous somme en 1969, le pays vient d'acquerrir son indépendance et la chasse n'est plus à la mode comme dans les années 30. La propriété est au bord de la faillite à l'image du couple que forme Mara et son époux. Un jour où il part pour cinq semaines accompagner un groupe de chasseurs, débarque au lodge une équipe de cinéma en direct d'hollywood. Ils paient cher pour tourner un film sur la véranda et sur les terres de Mara. Elle n'a pas les moyens de refuser cet envahissement, surtout quand elle voit s'installer le séduisant Peter Heath...Coup de foudre réciproque. Il n'est pas libre, elle non plus. Ecartelée entre ses sentiments et son sens du devoir, Mara doute et souffre. Que va-t-elle décider ? Voilà pour l'intrique amoureuse, du côté des amants cela reste super soft, ne rêvez pas. La beauté du roman réside dans le véritable personnage principal : la nature sauvage et préservée de la Tanzanie.  La relation forte qu'entretient Mara avec chaque parcelle de son domaine est très émouvante. On ne peut pas s'empêcher de penser à "Out of Africa" pour les odeurs, les bruits, les nuits. Le voyage est formidable !

J'ai adoré : le portrait de Mara, femme effacée et timide qui s'affirme et s'épanouit au fil du roman, la description intéressante des nouvelles relations entre les Tanzaniens et les blancs, les séances drôles de tournages avec caprices de stars. Mais surtout, j'ai adoré la lumière douce des lampes à pétrole, la chaude odeur grillée de la savane, la beauté des ciels nocturnes et les silences habités de la nuit africaine. Quel plaisir...  

Traduit de l'anglais (Australie) par Françoise Rose.

Les amants de la terre sauvage, Katherine Scholes, éditions Belfond, 336 p 20,50 €.  

28è Marché de la Poésie, 17 au 20 juin, Paris Place Saint-Sulpice

En plein air, des baraques en bois dressées autour de la célèbre fontaine de la Place Saint-Sulpice et des poètes à lire, écouter, découvrir. Un écrin de rêve pour déclamer vers et prose. Le succès ne se dément pas, l'an dernier le Marché des Poètes a accueilli près de 55 000 personnes  et plus de 500 exposants, éditeurs ou libraires. Cette année la présidente d'honneur est la chanteuse Sapho et l'invitée d'honneur, la poésie catalane. Les lectures se feront à partir de 20H en bilingue, Ce sera "muy caliente" donc. A noter : un joli parcours conçu par 100 poètes et 100 peintres, soit 200 minutes de balade poétique, il y aura aussi des impromptus musicaux et poétiques et une table-ronde organisée par le Magazine Littéraire : "A qui le poète parle-t-il ?". L'occasion de se remplir les oreilles, la tête et le coeur de jolis mots...

Du jeudi 17 juin au dimanche 20 juin, Place Saint-Sulpice, Paris 6è

Pour connaître le programme complet : http://www.poesie.e.vous.fr

 

BRAVO ! BRAVO !!!!

Le 1er Prix Littéraire des Grandes Ecoles vient d'être remis à Fabrice Humbert pour son remarquable roman "L'origine de la violence" (un de mes coups de coeur 2009 !). J'en suis ravie.

Ce nouveau Prix Littéraire vise à récompenser un jeune auteur écrivant en français n'ayant jamais reçu de Prix Littéraires. Le jury est composé de vingt-sept étudiants en provenance de neuf Grandes Ecoles. Il est soutenu par Le Journal Le Monde et doté de 3000 €.

Que les étudiants des Grandes Ecoles (gros bonnets de demain) prennent le temps de lire des romans est une super bonne nouvelle ! Pourvu que ça dure...

Si vous n'avez pas encore lu "L'origine de la violence" précipitez-vous !

Ce roman vous file la chair de poule comme un excellent polar et vous le refermez troublé par quelque chose qui ne vous lâche plus. Il y a l'histoire, étrange et haletante : un jeune prof se rend à Buchenwald avec ses élèves, il tombe en arrêt devant une photo de détenu, maigre et épuisé, et qui ressemble étrangement à son père. Stupeur. Cette image ne va plus le quitter et va être le point de départ d'une enquête serrée sur un secret familial bien gardé. Une fois le voile du mystère levé, débute alors sous la plume fluide et forte de l'auteur un autre roman : celui de l'obsession vertigineuse et intime du narrateur pour le Mal. Cruauté soudaine que l'on afflige ou que l'on subit. D'où vient cette violence qui bouillonne parfois en lui ?... En nous ? Pas de réponse apportée mais tellement de questions soulevées. Maîtrise étonnante. Une révélation.  

L'origine de la violence, Fabrice Humbert, éd. Le Passage, 18 €.