lillyinthevallee

Bonnes Fêtes !!!!

 Très belles fêtes de fin d'année

et rendez-vous le 3 janvier pour les

nouveautés de la Rentrée Littéraire d'hiver.

 

Cyanure, Camilla Läckberg, Actes Sud.

Petit format, couverture cartonnée noire, édition soignée, voilà un joli petit cadeau empoisonné à offrir à sa famille pour les Fêtes. Dans la plus pure tradition du polar anglais, et de sa reine Agatha Christie, l'auteur nous convie à un huit clos familial sur une île gelée de Suède quelques jours avant Noël. Le commissaire Martin Molin commence à regretter d'être venu dans la famille de sa petite amie Lisette pour un week-end familial dont il n'a rien à faire. La tempête de neige fait rage et bloque tout le monde dans la maison. Le dîner s'annonce tendu car le grand-père, teigneux industriel millardaire, agresse tour à tour chacun des membres de sa petite famille. Il leur porte peu d'estime et beaucoup de mépris. Au moment où il annonce que tous vont être déshérités, il s'écroule soudain, la tête dans son assiette. Raide mort. Assassiné au cyanure, ne tarde pas à diagnostiquer le gentil commissaire qui ne regrette plus le voyage. Le ton est donné : argent, haine, héritage, jalousie. Tout ce que l'on aime observer chez les autres. Le commissaire va mener l'enquête seul, coupé du monde. La famille va se lâcher au niveau des règlements de compte... Parfaitement bien construit et habillement mené, ce récit dans les neiges du nord se lit avec délectation. Chaque membre de la famille est détestable dans son genre et capable d'être coupable. Derrière un ton léger, ce roman souligne et dénonce les tensions familiales si bien cachées sous les apparences dans ces belles sociétés où l'argent remplace l'affection. Une occasion de rappeler à chacun, en ces Fêtes de récession, que l'argent ne fait pas le bonheur. Bon Noël !! 

J'ai adoré : l'ambiance, les personnages très stéréotypés et le commissaire avec son style d'enquête presque kitsch aujourd'hui.

Cyanure, Camilla Läckberg, Actes Sud. Traduit du suédois par Lena Grumbach. 166 p 16,80€. En vente sur mon blog. 

Camilla Läckberg, suédoise, est la plus jeune de tous les romanciers de best sellers mondiaux actuels. Ces cinq romans sont tous d'énormes succès. Nous l'avons découverte avec La Princesse des Glaces (Actes Sud 2008) et nous avons adoré son dernier roman L'enfant allemand (2011)

        

Beauté, Morale et volupté dans l'Angleterre d'Oscar Wilde, Skira-Flammarion

Très beau livre à offrir, ou s'offrir. Il nous transporte dans l'Angleterre de la seconde moitié du 19è siècle, quand naquit l'Aesthetic Movement. Ce courant souhaitait échapper à la laideur et au matérialisme de l'époque victorienne en créant une nouvelle idéalisation de l'art et de la beauté. Peintres, poètes, décorateurs, écrivains et créateurs se sont alors libérés des principes de morales et d'ordre en vigueur sous la régime de la reine Victoria pour privilégier l'harmonie des couleurs, le mouvement et la sensualité. La pensée de ce groupe d'artistes fait écho à la théorie de l'Art pour l'Art répandue chez nous par Théophile Gautier (Préface de Mademoiselle de Maupin 1835). Oscar Wilde sera l'un des grands gourous de ce courant, avec le peintre James McNeill Whistler et beaucoup d'autres. Cette avant-garde marquera une ère nouvelle. Les textes de ce beau livre racontent formidablement bien les principes de ce mouvement et son  importance. Il rénovera notamment les Arts Décoratifs et donnera naissance à la notion actuelle de Design. Sous son impulsion, la mode libérera la femme du corset et mettra en valeur les matières souples et fluides. Un vent nouveau ébranlera la société victorienne et mettra en effervescence le monde moderne. Les textes ravissent, les images font rêver, le culte du beau donne à penser. Un très joli cadeau à coupler avec une visite au Musée d'Orsay pour admirer l'expo !!

J'ai adoré : le mélange des genres, peintures, poèmes, papiers peints, mobiliers et cette philosphie du beau très revigorante par les temps qui courent... Il ne faut pas louper l'expo !!!

Beauté, morale et volupté dans l'Angleterre d'Oscar Wilde, Yves Badetz, Stephen Calloway, Lynn Federle Orr, 224 pages, 165 illustrations, 25€ Musée d'Orsay/Skira-Flammarion. En vente sur mon blog. Ce livre existe en version anglaise plus chic The cult of beauty, V&A Publishing 59,90€. 

L'exposition au Musée d'Orsay, 9h à 18h sauf jeudi 21h45, entrée 8€, jusqu'au 15 janvier.

 

Les Mille et une femmes, Guyette Lyr, Le Passage

Le cadeau rigolo à offrir pour les Fêtes.  Ce joli petit livre à couverture cartonnée s'adresse aussi bien aux hommes qu'aux femmes : il présente une double lecture très astucieuse. L'auteur dresse, avec beaucoup d'humour et d'imagination, dix portraits de femmes types mais elle donne également les profils masculins susceptibles de les escorter au mieux, les comprendre, les aimer. Bref, un joyeux petit guide du "qui va avec qui". Les noms de ces nouveaux socio-styles féminins sont savoureux : Lapêche, Lapélican, Lademontemps, Lalibido, Lasacristie, etc. Les sobriquets masculins valent la lecture également : le doux tyran, le grand mystérieux, le charmant régressif, le futur restauré, etc. Evidemment, nous sommes dans la caricature mais une dominante de caractère se dégage de tous ces portraits.  A chacun d'adapter à son tempérament et d'extrapoler pour le reste. Cela promet de belles soirées d'hiver. L'écriture piquante et fine de l'auteur possède un charme fou, les illustrations de Claire Brétecher ne déçoivent pas, comme d'habitude. Ce petit manuel de survie pour messieurs en terrain miné a tout d'une nouvelle Carte du Tendre. 

J'ai adoré : les rubriques "Attention hommes fragiles!" trop drôles, et "Comment épanouir son heureuse nature" très malignes. Evidemment, je me suis cherchée et trouvée dans plusieurs portraits, ma nature est décidemment trop complexe...

Les Milles et une femmes, petit manuel de survie pour messieurs en terrain miné, Guyette Lyr, Le Passage. 166p 17€. En vente sur mon blog.

Guyette Lyr est comédienne et romancière. Auteur de huit romans, dont La fuite en douce ( 1976 Mercure de France) qui a obtenu le Prix des Lectrices ELLE et le dernier Judith Nothing (2011 Actes Sud).

 

Red Room Lounge, Megan Abott, Le Masque.

Thriller machiavélique. Hitchcock en aurait fait un film étrange et perturbant comme il savait si bien les faire. Nous sommes dans les années 50 à Pasadena, Lora est une institutrice sage et rangée qui ne vit que pour son frère Bill, jeune policier. Ils partagent la maison de leur enfance héritée de leur parents. Leur entente est parfaite et leur complicité totale. Mais un jour Bill s'entiche d'une belle et mystérieuse Alice qu'il épouse aussitôt. Lora doit alors déménager et accepter sa nouvelle étrange belle-soeur pour ne pas perdre l'affection de son frère. Mais Lora ne peut s'empêcher de s'interroger ni de s'inquièter au sujet de ce couple si mal assorti. Si Bill est envoûté, Alice exerce sur Lora un mélange de fascination et de répulsion troublant. Quand Lora commence à fouiller le passé glauque d'Alice, elle ne sait pas où elle met les pieds mais une chose est certaine elle est prête à tout pour retirer Bill de ses griffes. Excellent roman psychologique. Les personnages et leurs caractères ambigüs donnent toute la tension dramatique à cette histoire. L'affrontement policé des deux femmes est passionnant de perversité. L'écriture vive et les dialogues accrocheurs font dévorer ce thriller à toute allure. La fin déroute totalement.

J'ai adoré : l'ambiance des années 50, la pointe de glamour, les chocs des cultures entre les deux personnages féminins, la tension qui s'accélère en seconde partie du roman et le dénouement inattendu et cruel.

Red Room Lounge, Megan Abbott, Le Masque. Traduit de l'anglais (américain) par Jean Esch. 308 p 20€, en vente sur mon blog.   

Megan Abbott, docteur en littérature anglaise et américaine, connaît un grand succès aux Etats-Unis. Ce roman est son premier, il vient de paraître en France. Nous avons découvert avec un plaisir fou son second et remarquable livre Adieu Gloria en début d'année. Voir mon coup de coeur d'avril : clic ici. 

Au commencement la nuit était musique, Alissa Walser, Actes Sud.

Très joli titre pour un très beau roman, élégant et sensible. Inspirée par des faits réels, cette histoire nous transporte à Vienne en 1777, capitale de l'Empire autrichien tout puissant. La belle ville des arts et lettres héberge alors les plus grands talents dont Mozart et Haydn. Il y a également le célèbre médecin Mesmer, premier magnétiseur de l'Histoire. Les bruits les plus fous courent sur ses méthodes étranges mais surtout sur ses résultats étonnants, proches du miracle. C'est pourquoi les riches parents de la jeune Maria Theresia Von Paradis, petit prodige du piano devenue accidentellement aveugle, se décident à conduire leur fille adorée à une consultation du fameux guérisseur. La jeune Maria est devenue aveugle subitement à l'âge de quatre ans et a dû se soumettre, à la demande de ses parents, à tous les traitements les plus farfelus et les plus douloureux pour guerrir mais en vain. Ses parents l'exhibent comme un chien savant de salon et, au fil des années, ils en ont fait leur "chose".  Après une consultation, Mesmer exigera de garder l'enfant dans sa demeure, transformée en clinique de luxe, pour l'isoler de ses parents qu'il juge trop étouffants. Elle aura un piano et jouera comme elle voudra. La jeune fille d'abord perdue va se sentir peu à peu respirer, exister. Il va se tisser entre Maria et son médecin une chaste relation d'une telle force et d'une telle intensité que  celle-ci va recouvrir partiellement la vue. Ce succès attirera jalousie et haine sur la maison du médecin qui devra fuir Vienne mais qu'adviendra-t-il alors de Maria ? Très beau roman qui traite avec subtilité de la relation unique et essentielle entre  médecin et malade. Il y a entre Maria et Mesmer quelque chose d'intense fait d'admiration réciproque, de confiance et de respect. Auprès de son médecin Maria apprend a être elle-même. Sa passion pour la musique devient son regard sur le monde. Son apprentissage est rendu très émouvant et attachant par la belle écriture délicate et poétique de l'auteur. Comme une douce sonate de Mozart.

J'ai adoré : la plume talentueuse de l'auteur, le comique des passages sur les soirées à la cour, les toilettes et perruques compliquées de Maria, ses parents caricaturaux dans leurs prétentions mais aussi l'idée existentielle de la musique.

Au commencement la nuit était musique, Alissa Walser, Actes Sud. Traduit de l'allemand par Juliette Aubert. 256 p 21 €. En vente sur mon blog. 

Alissa Walser est allemande, écrivain, peintre et traductrice. Elle a publié deux recueils de nouvelles en allemand, des pièces de théâtre et des livres pour enfants. Au commencement la nuit était musique est son premier roman publié en France.