Ambiance sombre et poisseuse. Le jeune Javier décide de quitter l'Uruguay pour un ailleurs meilleur. Pour voyager et se faire de l'argent facilement, il accepte de convoyer un 4X4 volé de Buenos Aires en Bolivie. Il rencontre la séduisante et étrange Paula dans un garage de Santa Cruz où elle lui propose de lui acheter la voiture. En acceptant son offre il met le pied dans une sordide histoire où il va risquer sa vie. Il s'en sort, puisqu'il raconte son aventure à un drôle d'écrivain et que le roman commence ainsi, mais marqué par le désespoir. Ce roman dense captive par la force évocatrice de son écriture. A la fois simple et riche, elle tient en haleine, au bord du malaise. On se sent oppressé par l'atmosphère collante, étouffante et sordide. Il existe un parrallèle évident entre les paysages désolés, accablés de chaleur et de poussière, les rivières à sec, et l'âme saccagée des personnages. Javier déroute, Paula intrigue et les autres agacent. Tous sont glauques et paumés. Et puis ces trois vautours, dévorant un mouton sur la route ou tournoyant dans le ciel, rapellent la mort qui rôde partout et sur tout et qui réduit notre vie à un simple compte à rebours. Roman dérangeant, plus profond que noir.
J'ai adoré : le style dépouillé et efficace, la manière très visuelle de brosser portraits et décors, l'atmosphère de bout du monde et de désolation qui réussit à paraître très belle quand même.
Trois vautours, Henry Trujillo, Actes Sud. Traduit de l'espagnol (Uruguay) par Alexandra Carrasco. 192 p 19€. En vente sur mon blog via Amazon.fr.
Henry Trujillo vit à Montévideo et enseigne la sociologie. Trois vautours est son premier roman traduit en français.