Emouvant !
Rachel et Isaac ont quitté Chicago en 1903 pour s'établir fermiers dans les Badlands, terre ingrate située au dessus du Dakota. Rares pionniers noirs propriétaires terriens, ils ont bénéficié du programme Homestead Act créé en 1862 accordant 65 ha de terre par personne s'établissant dans ce coin désolé. Les Sioux ne voulaient même pas de ces vastes prairies dénudées, incultes et hérissées de reliefs abruptes. Ce sont eux qui les ont nommées "mauvaise terres". Mauvaises à traverser et mauvaises pour y vivre en raison du climat rigoureux. Mais rien de tout cela n'arrête l'obstiné Isaac qui veut que ses futurs enfants possèdent leur propre domaine et deviennent ainsi vraiment libres. Rachel, amoureuse, suit son mari sans savoir où elle met les pieds. Ils auront sept enfants, cinq vivront, avant qu'un été particulièrement sec et poisseux amène la docile Rachel à se poser des questions. Quinze ans qu'ils sont là, sans voisins ou presque, à vivre de peu dans une cabane en rondins, travaillant comme des bêtes de somme, se chauffant à la bouse de bison l'hiver et mourrant presque de soif l'été. Est-ce que c'est cela être libre ? Est-ce la vie que Rachel souhaite pour ses enfants ? Isaac croit dur comme fer à son destin de propriétaire terrien, il demande à sa femme de s'accrocher encore. Que va décider la douce Rachel ?
J'ai adoré : Le personnage de Rachel, une femme comme tant d'autres, simpe et confiante, mais tellement courageuse. Les sentiments contradictoires qui l'agitent. Les descriptions très précises de la vie rude au quotidien, et celle des paysages sauvages très exhaltants. Les Badlands font aujourd'hui partie des grands parcs des USA et se visitent. Très, très beau roman pour l'été !
Traduit de l'américain par Alize Azoulay.
L'histoire très ordinaire de Rachel Dupree, Ann Weisgarber, Belfond, 324p 20,50 €. En vente sur ce blog.