Très joli titre pour un très beau roman, élégant et sensible. Inspirée par des faits réels, cette histoire nous transporte à Vienne en 1777, capitale de l'Empire autrichien tout puissant. La belle ville des arts et lettres héberge alors les plus grands talents dont Mozart et Haydn. Il y a également le célèbre médecin Mesmer, premier magnétiseur de l'Histoire. Les bruits les plus fous courent sur ses méthodes étranges mais surtout sur ses résultats étonnants, proches du miracle. C'est pourquoi les riches parents de la jeune Maria Theresia Von Paradis, petit prodige du piano devenue accidentellement aveugle, se décident à conduire leur fille adorée à une consultation du fameux guérisseur. La jeune Maria est devenue aveugle subitement à l'âge de quatre ans et a dû se soumettre, à la demande de ses parents, à tous les traitements les plus farfelus et les plus douloureux pour guerrir mais en vain. Ses parents l'exhibent comme un chien savant de salon et, au fil des années, ils en ont fait leur "chose". Après une consultation, Mesmer exigera de garder l'enfant dans sa demeure, transformée en clinique de luxe, pour l'isoler de ses parents qu'il juge trop étouffants. Elle aura un piano et jouera comme elle voudra. La jeune fille d'abord perdue va se sentir peu à peu respirer, exister. Il va se tisser entre Maria et son médecin une chaste relation d'une telle force et d'une telle intensité que celle-ci va recouvrir partiellement la vue. Ce succès attirera jalousie et haine sur la maison du médecin qui devra fuir Vienne mais qu'adviendra-t-il alors de Maria ? Très beau roman qui traite avec subtilité de la relation unique et essentielle entre médecin et malade. Il y a entre Maria et Mesmer quelque chose d'intense fait d'admiration réciproque, de confiance et de respect. Auprès de son médecin Maria apprend a être elle-même. Sa passion pour la musique devient son regard sur le monde. Son apprentissage est rendu très émouvant et attachant par la belle écriture délicate et poétique de l'auteur. Comme une douce sonate de Mozart.
J'ai adoré : la plume talentueuse de l'auteur, le comique des passages sur les soirées à la cour, les toilettes et perruques compliquées de Maria, ses parents caricaturaux dans leurs prétentions mais aussi l'idée existentielle de la musique.
Au commencement la nuit était musique, Alissa Walser, Actes Sud. Traduit de l'allemand par Juliette Aubert. 256 p 21 €. En vente sur mon blog.
Alissa Walser est allemande, écrivain, peintre et traductrice. Elle a publié deux recueils de nouvelles en allemand, des pièces de théâtre et des livres pour enfants. Au commencement la nuit était musique est son premier roman publié en France.