Il est comment le nouveau Jean-Paul Dubois ? Comme on l'aime : cynique, grave et léger à la fois. J'avais été un peu déçue par ses deux précédents romans (Homme entre eux 2007 et Les accommodements raisonnables 2008). Je suis ravie de retrouver dans Le cas Sneijder la verve caustique et tendre de son best seller Une vie française (2002). Comme dans tous ses romans, le personnage principal ici se nomme Paul. C'est toujours un éternel ado qui refuse de grandir même s'il a soixante ans. Il est plus faible, lâche et fatigué que d'habitude mais il a une super bonne excuse. Il a épousé Anna, une authentique revêche, femme d'affaires accomplie et d'une suffisance à hurler. On ne comprend pas très bien comment ils ont pu se plaire mais le problème n'est pas là. Paul a une fille d'un premier mariage, Marie, qu'il adore et deux garçons jumeaux, avec Anna, qu'il déteste. Un drame survient dans la vie de Paul : l'ascenceur dans lequel il se trouve le 4 janvier à 13h12 avec Marie s'écrase au sol, comme une pastèque. Sa fille meurt sur le coup, Paul est gravement blessé, il survit mais change. Il laisse tomber son travail, ignore sa femme et ses fils, refuse de faire un procès au fabricant de l'ascenceur même si cela peut lui rapporter une fortune. Il s'enferme dans son bureau avec une obsession : il veut tout savoir sur les ascenceurs jusqu'à la nausée, comment ça marche, qui les fabriquent. Il dévore tous les faits divers sur les pannes et accidents de ces méchantes cabines. Mais le ponpon, c'est le nouveau job qu'il se choisit : dog walker. Pas un métier, plutôt une occupation. Paul Sneijder est un cas. Va-t-il réussir à surmonter son drame ?... La plume est drôle, tendre, tragique, pathétique, virtuose. Je suis passée par toutes les émotions en suivant Paul dans sa détresse. Sa mollesse face à sa femme dominatrice agace mais il est tellement touchant quand il parle à l'urne funéraire de sa fille, posée sur son bureau. Ses raisonnements font réfléchir sur nos vies et nos priorités. Il développe une théorie amusante sur la verticalité des villes, leur construction en hauteur. Il va jusqu'à imaginer une panne mondiale suite au dérèglement de tous les ascenceurs du monde en même temps, juste pour voir ce que cela produirait. Du rire aux larmes, Jean-Paul Dubois nous offre une leçon de vie sans illusion mais gorgée de fantaisie et finalement très belle.
J'ai adoré : le ton, le style fluide et vif, l'ambiance à la Woody Allen. Les passages avec les chiens et Paul dans le rôle du promeneur promené, surtout le concours de chiens de race, un grand moment. J'ai retrouvé avec plaisir quelques mots sur les montres, comme dans tous les romans de Jean-Paul Dubois.
Le cas Sneijder, Jean-Paul Dubois, l'Olivier. 220 p 18 €. En vente sur mon blog.
Jean-Paul Dubois vit à Toulouse. Il a publié près de vingt romans. Mon préféré demeure Kennedy et moi (Points Poche) je vous le recommande vivement, c'est excellent.