Fresque historique violente et flamboyante. L'histoire tumultueuse de la Mafia depuis ses origines siciliennes dans les années 20 jusqu'à son triomphe à New York pendant la seconde guerre mondiale. L'auteur mêle habillement la fiction et la réalité pour rendre passionnant et attachant un récit historique sulfureux. Il s'appuie sur de nouvelles révélations au sujet des relations italo-américaines et le rôle de la Cosa Nostra avec le fascisme. Le personnage central du roman, et totalement imaginaire, est un prince sicilien à la belle allure et au coeur noble, Fernado Licata dit U Patri (le père). Au lendemain de la guerre de 14/18, il fédérera les propriétaires terriens de Sicile pour protéger les paysans des bandits, des miséreux qui dévastent les domaines agricoles pour survivre. La Mafia est née. Cette protection s'étendra tout naturellement contre le fascisme qui comptera tous les repris de justice de l'île dans ses membres de la première heure. C'est pour fuir cette terreur extrémiste que de nombreux siciliens, nobles ou déshérités, vont prendre le bâteau pour New-York. Le prince Licata est du nombre. Sur place, il participera activement à la création de la plus puissance organisation criminelle du monde et fréquentera amicalement les plus grands rois de la pègre. Puissante et infiltrée, la Mafia dictera ses lois aux politiciens de l'époque et jouera un rôle important dans le débarquement des forces alliées en Europe. La belle verve narrative de l'auteur captive des premières lignes aux dernières. L'intrigue mêle actions et rebondissements, affaires crapuleuses, trafics en tous genres, assassinats sanglants, enrichissements déments, vengeances et passions amoureuses contrariées. La plume est précise et séduisante. On sent une pointe d'admiration de l'auteur pour ces hors la loi au sens de l'honneur développé et au grand coeur. Il réussit très bien à nous la faire partager. Impossible cependant de valider leurs pratiques cruelles, immorales et vénales. En refermant le roman on ne peut pas s'empêcher de s'interroger : Qu'en est-il du pouvoir de la Mafia dans le monde d'aujourd'hui ? Mais c'est une autre histoire...
J'ai adoré : Le romanesque fou de cette histoire, la tension et le suspense parfaitement bien entretenus sur plus de 600 pages. L'auteur, dont c'est le premier roman, possède un vrai talent de conteur. Il y a quelque chose du Guépard (Giuseppe di Lampedusa 1958) dans ce Father et j'adore ça.
Father, Vito Bruschini, Buchet-Chastel. Traduit de l'italien par Thierry Maugenest. 640 p 25 €. En vente sur mon blog.
Vito Bruschni vit à Rome où il est grand reporter. Il dirige l'agence Globalpress Italia. Father est son premier roman. Il est en court d'adaptation pour le cinéma.