Une histoire de famille comme on les aime. Claude Sautet en aurait fait un film tristement tendre. Anne, Pierre et Joshua sont frères et soeur. De jeunes adultes par l'âge et encore de grands ados dans la tête. Leur père, un original d'origine russe, s'est suicidé l'an passé. Il laisse des dettes qui obligent les jeunes gens à mettre la maison familiale bourguignonne en vente. Avant de quitter Paris, pour nettoyer la vieille baraque et solder le passé, nous faisons connaissance avec les trois enfants Matchaiev et leurs dissonnances. Comme dans de nombreuses familles déchirées par un drame, la communication entre eux n'est pas simple. La personnalité du père domine, celle du sulfureux grand-père dérange toujours, la mère demeure une trop grande absente. Et avoir grandis dans un village où l'étranger est montré du doigt marque à vie. Chacun des enfants Matchaiev porte son héritage à sa façon. Le plus attachant, et le plus drôle, est le petit dernier, Joshua. Arriveront-il à laisser leur enfance dormir au fond du grenier ?... On retrouve dans ce roman l'atmosphère si particulière des grandes sagas russes. On est sous le charme de personnages entiers, de situations complexes et de silences qui parlent. Les relations entre cette fratrie nous renvoient immanquablement aux nôtres, à notre enfance, à ses joies et à ses chagrins. Un premier roman bien rythmé, à la plume élégante et habile. On se sent emporté et transporté ailleurs. Une vague de nostalgie nous submerge, pas de la tristesse mais une mélancolie infinie pour les jours qui ne sont plus. Totalement et délicieusement slave. A lire absolument.
J'ai adoré : L'écriture très émouvante, simple et belle. Le trio qui s'aime sans se le dire jamais. Les citations des auteurs russes tout au long du roman astucieusement mises dans la bouche du père. Un régal.
La maison Matchaiev, Stanislas Wails, Serge Safran Editeur. 256p 17€. En vente sur mon blog.
Stanislas Wails, est né en 1973. Tour à tour accessoiriste, scénariste, régisseur et assistant réalisateur sur les films de Tsaï Ming-Liang et Resnais, Stanislas Wails signe ici son premier roman.