A grands coups de trompettes on nous annonce l'entrée de l'oeuvre de Milan Kundera dans la très chic et élitiste collection de la Pléiade (Gallimard). OK c'est le 14è écrivain à être publié de son vivant sous la prestigieuse reliure (les autres attendent d'être morts pour cela). Mais c'est surtout un événement commercial (105€ le coffret de 2 tomes) car tous les romans de Milan Kundera existent en format poche. L'auteur n'est pas dupe : depuis 1985 il refuse toute interview et prise de parole sur ses écrits et sur la marche du monde. Et ce n'est pas cette belle édition qui va le faire changer d'avis. Il n'y aura d'ailleurs pas, dans ces deux tomes, comme dans les autres volumes de La pléiade des notes et explications en fin d'ouvrage. Milan Kundera déteste le verbiage littéraire et le décorticage de ses romans. Il faut donc le lire pour le connaître et le comprendre. Cette absence va être difficile pour les journalistes qui salivaient à l'idée d'avoir l'occasion de cuisiner une icône vivante... Mais bravo Monsieur Kundera. Bravo d'être un formidable écrivain à sa place et non pas une star qui donne son avis sur tout et n'importe quoi. Bravo de refuser de parler politique sous prétexte que vous êtes né tchèque (nationalité française depuis 1981). Bravo de résister aux sirènes de la gloire. Bravo de ne pas succomber avec tant de bon sens à l'insupportable légèreté de l'être.
Et pour tout savoir des auteurs préférés de Milan Kundera, ses interrogations sur le roman d'aujourd'hui, ce qu'il trouve répétitif ou novateur, on lit une rencontre (Gallimard). Essai passionnant qui regroupe une trentaine d'articles traitant de l'art du romancier.
Et puis on se fait offrir, ou on offre, le coffret La Pléiade parce que c'est un très bel écrin pour de très beaux romans et un vrai joli cadeau : 2 tomes 105€ jusqu'au 31 décembre et ensuite 120 €.