Sensible !
En 1954, à la chute de Dien Bien Phu, Saigon cesse d'être française. Mais dix ans auparavant le maréchal Pétain la gouverne mollement de loin. Ce roman restitue à merveille l'ambiance tendue et menaçante de l'époque. Quand le régime colonial local appliquait les lois de Vichy et pactisait avec le japon qui ambitionnait d'étendre son empire sur toute l'Asie. Le narrateur, jeune commissaire de police en poste à Saigon et gaulliste, est partagé entre son devoir, ses aspirations et ses sympathies pour le combat nationaliste des vietnamiens. La ville moite bruisse de contestations: Sous les lustres de l'hôtel Continental, dans les frous-frous des valses insouciantes, les gaullistes échangent messages et missions secrètes alors que dans les quartiers sombres populaires, les communistes s'organisent. La présence arrogante des japonais leur a fait comprendre la faiblesse de la France et leur donne de l'espoir. Le commissaire appréhende les jours à venir. Il donne le change pour preserver sa femme Clara qui ne rêve que de Venise et pour cacher une jeune Trotskiste dont il est tombé amoureux. Les français attendent le débarquement des forces alliées, les japonais se préparent à l'accueillir, les communistes vietnamiens pensent indépendance. L'orage gronde, quand et où la foudre vat-elle tomber ? Roman passionnant, très bien documenté. On sent parfaitement l'imminence du danger, la violence qui couve, la fin dramatique de quelque chose. Le destin de ce pays va basculer dans une horreur qui va durer des années. Le récit de l'auteur possède une épatante force d'évocation, on visualise parfaitement le quartier, les rues où se joue le destin tragique de l'une des plus belles colonies françaises. Le ton est juste, sans lyrisme, plein d'humanité. Un 1er roman remarquable qui ferait un super film !
Saigon la Rouge, Jacques de Miribel, La Table Ronde. 240 p, 18 €. En vente sur mon blog.
J'ai adoré : Apprendre sur cette partie peu connue de la seconde guerre mondiale, le personnage du commissaire de police déchiré entre honneur , passion et devoir. Un vrai héros.
Jacques de Miribel, agrégé de lettres modernes, comme ses parents est né au Vietnam qu'il a quitté à l'âge de 16 ans. Ce premier roman est sans aucun doute nourrit de souvenirs personnels