Drôle et cruel !
Dans les années 50 dans la petite bourgeoisie de Virginie l'important est de faire "comme si". Il faut paraître aisés, heureux, bien dans sa peau et dans sa vie. Les dames sont bien coiffées, souriantes et sprituelles, les messieurs crânent et préparent des tas de cocktails colorés aux noms déments dont tout le monde s'ennivre pour rire haut et fort. Le bonheur et la réussite s'affichent à outrance. Peu importe si la réalité est autre. L'auteur est né dans une de ces familles. Harmonie en façade et détresse en coulisse. Fins de mois difficiles, disputes violentes, alcoolisme et larmes colorent l'enfance de l'auteur, ainsi que celles de son frère et de sa soeur, d'une teinte sombre indélébile. Tous les trois seront marqués à vie par ces années que l'on ne peut qualifier d'innocentes. Le plus touché sera le jeune Robert dont on découvre le drame terrible à la fin du roman. Ce récit autobiographique, plein d'humour et de légèreté grave, touche profondément par la simplicité, la beauté et la sincérité de l'écriture. On rit beaucoup, la plume est trempée dans une ironie mordante et l'auteur se moque sans retenue de cette famille fausse à l'extrème. Mais il n'arrive cependant pas à cacher une tendresse évidente pour sa mère, même si... A lire absolument pour s'indigner sur l'existence de certains sordides secrets de famille et pour réaliser que notre famille n'est pas si moche que ça, après tout.
J'ai adoré : La peinture au vitriol de la société bourgeoise américaine des années 50 avec le désespoir et l'ennui qui teintent les journées des femmes au foyer et le désir de perfection ridicule de ces hommes qui vivent dans l'angoisse de l'échec. La drôlerie de certaines scènes et le choc de la fin à laquelle on ne s'attend pas du tout et qui laisse muet de stupeur.
Féroces, Robert Goolrick, Anne carrière. 256 p 20,50 €. En vente sur mon blog.