Une fois n'est pas coutume : le film d'Eric Lartigau a plus de force que le roman de Douglas Kennedy dont il est inspiré.
L'histoire est celle d'un jeune avocat qui a renoncé au rêve de devenir reporter photographe pour faire ce que son père attendait de lui : réussir et gagner beaucoup d'argent. Il est avocat, il a une femme blonde frustrée comme lui, deux jeunes enfants, une belle maison en banlieue chic, il boit beaucoup, dépense plein d'argent, il n'est pas heureux et pleure sur lui-même. Un jour, un accident terrible va l'obliger à changer brutalement de vie. Il va être obligé de disparaître, changer d'identité et finalement être le photographe qu'il a toujours rêvé d'être. Va-t-il trouver l'apaisement ? Est-ce que le bonheur est à ce prix ?
A part le fait que l'un se déroule aux USA et l'autre en France, le film colle au roman de manière troublante. Le ton du début, léger et mondain, vire soudain au sombre thriller haletant. La bascule est plus violente dans le film. Le roman prend son temps. Il analyse le sentiment d'échec, la solitude, l'agonie d'un couple aux ailes brisées. Le malaise y est plus fort, plus sensible.
Le réalisateur s'attache essentiellement au personnage de Paul. Il est centré sur sa passion inassouvie, sa vie de famille râtée, son désir refoulé. Le roman se déploie autour de plusieurs autres personnages très intéressants comme sa femme, romancière sans succès, un brillant vieux journaliste alccolique, une nouvelle compagne. Mais cela dilue la tension.
La fin du film est beaucoup plus intéressante que celle du roman, moins sentimentale, plus positive et plus exhaltante.
Le roman pose la question de comment réussir sa vie, le film y répond.
Le roman et le film se complètent. Il faut donc voir l'un et lire l'autre, dans le sens que l'on veut...
L'homme qui voulait vivre sa vie, Douglas Kennedy, poche Pocket, 7,30 €.