Un film marquant de et avec Julie Delpy dans le rôle de la cruelle Comtesse Erzsébet Bathory, membre de l'une des plus illustres familles Hongroises du XVIè siècle . Une histoire vraie. Ce film brosse le portrait de cette froide, hautaine et étrange beauté, férue de sorcellerie et obsédée par sa jeunesse jusqu'à la folie meutrière. Histoire de meutres, de violence et de démence dans un sombre château des Carpates. Erzsébet Bathory sacrifiera plus de six cent jeunes filles pour se baigner dans leur sang sous le prétexte fou de préserver sa si extraordinaire beauté !
J'ai aimé la rigueur et la supériorité hallucinée que donne Julie Delpy à son personnage. Elle est d'une beauté à la fois lumineuse et sombre, avec ce voile dans le regard qui annonce la folie. Remarquable. En revanche je n'ai pas aimé l'histoire de la Comtesse telle qu'elle la raconte. Erzsébet Bathory n'était pas amoureuse d'un jeune homme au nom duquel elle aurait voulu rester jeune à tout prix. Ce qui tendrait à excuser sa monstruosité. La Comtesse n'aimait qu'elle, et personne d'autre, ni son mari ni ses quatre enfants. Elle était ivre de son pouvoir et de sa beauté.
Dans son livre passionnant, à lire absolument, "La Comtesse sanglante", Valentine Penrose (1962 Mercure de France) s'en tient aux faits rapportés par le manuscrit d'un Jésuite, seule archive hongroise retrouvée à ce jour. Elle fait un parallèle intéressant entre Gilles de Rais, Français sinistrement célèbre au XVè siècle pour sa sexualité criminelle à l'égard de jeunes garçons, et la Comtesse aux pratiques tout aussi sanglantes mais sans être teintées d'érotisme. Ces deux monstres se font face à face. Qui était exactement la Comtesse Erzsébet Bathory ? L'auteur se penche avec sagacité et subtilité sur ce gouffre immense qu'est le coeur de cette héroïne singulière, née dans une illustre famille aux liens consanguins lourds de conséquence, à une époque sauvage de magie noire et sorcellerie toutes puissantes.
J'ai été ahurie et émue par le récit de Valentine Penrose tout comme par l'interprétation de Julie Delpy. Il faut lire le livre d'abord et voir le film après. J'ai été impressionnée par le destin tragique de cette femme obscure et possédée par le Mal, qui a vécu en marge des humains, dans un monde bestial, souterrain, dans une solitude immense hantée de sorcières. Le décor de neige, de pierres et de loups ajoutent à l'horreur. C'est une histoire autenthique qui fait frissonner et qui fascine par son aspect si peu ordinaire.
La Comtesse sanglante, Valentine Penrose, (Gallimard) 236 p 7,50 €