Histoire virile, rude et brutale, sur fond de paysages grandioses des montagnes de Caroline du Nord. Le jeune Travis, 17 ans, est en conflit avec l'autorité paternelle et tout ce qui lui ressemble. Il faut dire que son père le bat et le rudoie souvent en travaillant sur son exploitation de tabac. Le vieux Toomey, lui, le blesse gravement pour lui donner une leçon le jour où Travis lui vole des plans de cannabis. Et puis il y a Léonard, un prof brisé et désormais dealer. Il vit dans un camping-car avec Dena, jeune droguée à la dérive. Travis quitte ses parents pour se réfugier chez lui. Il va passer une année qu'il n'est pas prêt d'oublier, de celle qui font quitter l'enfance et grandir d'un coup. D'autant plus qu'il va découvrir une vieille histoire qui touche sa famille, un terrible massacre pendant la guerre de Sécession. Roman impressionnant, à l'écriture superbe avec des envolées poétiques bouleversantes dès qu'il s'agit de nature. L'opposition est forte et permanente entre la noirceur des hommes, ceux d'aujourd'hui comme ceux d'hier, et la beauté préservée des paysages. Le jeune Travis possède en lui cette dualité : bière, dope et petits boulots côtoient son plaisir émerveillé de travailler le nez dans la terre et celui de pêcher la truite sauvage à main nue. Et si nous possédions tous cette part de beauté dans l'enfance et que nous la perdions en grandissant ? A méditer.
J'ai adoré : La sauvagerie des Appalaches mise en parallèle avec celle des hommes, c'est dur mais beau et marquant. J'ai aimé l'écriture si évocatrice et si émouvante.
Le monde à l'endroit, Ron Rash, Seuil. Remarquablement bien traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Isabelle Reinharez. 281 p 19,50 €.
Ron Rash publie ici son troisième roman. Il s'est fait connaître en France avec Un pied au paradis (Le Masque 2009), chef d'oeuvre à lire absolument.