Il y a des auteurs dont j'attends les romans avec une jubilation toute enfantine. C'est le cas d'Olivier Adam. L'une de nos plus jolies plumes. J'adore son univers ultra sensible, son écriture sur le rasoir, sa tristesse lumineuse. J'ai beaucoup aimé Passé l'hiver, Falaises, et surtout Les vents contraires. Excellents vraiment. Mais avec son nouveau roman Le coeur régulier (éditions de l'Olivier) je ne sais pas pourquoi, la magie n'opère pas et pourtant l'écriture est toujours superbe. L'histoire est celle d'une jeune femme qui, à la mort de son frère adoré, part sur ses traces au Japon. Persuadée qu'il s'est suicidé, elle se tord le coeur aux pieds des falaises dans la pluie et la neige pour en savoir plus sur lui, sur elle, sur leur relation. Impression de déjà lu sous la plume d'Olivier Adam, vague ennui dans les errances de ce personnage féminin peu crédible (son comportement et questionnement me paraissent très masculins). C'est tout de même dommage que l'auteur ait séjourné plusieurs mois au Japon pour ne nous proposer qu'une histoire de falaises, de solitude, de pluie glaciale et de mer agitée... comme dans ses autres romans qui se déroulent en France sur la côte atlantique. Panne d'imagination ? Attendons donc le prochain, celui-ci vous pouvez zapper.
Autre grosse déception : le nouveau roman de Claudie Gallay. Après son formidable Les déferlantes j'attendais un roman fort, fougeux et passionnant. Non, non. Rien de tout cela dans L'amour est une île (Actes Sud). Déjà le titre fait quiche. On dirait le nom d'un bouquin de Barbara Cartland m'a dit mon ami Jean-Pierre en pouffant. L'histoire ne rattrape pas cette première mauvaise impression. Mathilde, célèbre comédienne internationale, revient à Avignon qu'elle a quitté il y dix ans en laissant un homme au coeur brisé. Elle débarque en pleine grève des intermittents du spectacle, retrouve son amour d'antan et découvre son équipe de jeunes comédiens dont Marie et ses rêves de gloire. Il ne se passe pas grand chose, Avignon et ses grèves ne me passionnent pas (c'est loin déjà tout ça et si peu important), les personnages ne sont pas attachants. Bref, je me suis ennuyée. En plus l'écriture n'est pas au niveau de ses autres romans. Ici Claudie Gallay a cherché à avoir "du style". Les phrases sont courtes, sèches, cassantes. Les chapîtres trop brefs. Le tout donne une impression de saccadé fatiguant et désagréable. Cela manque terriblement du tendre qui filtre d'ordinaire dans chacune de ses lignes. C'est donc un râté, le premier. Tout ses autres romans sont épatants. Il faut lire absolument Seule Venise pour découvrir le talent de Claudie Gallay et fuir cette île nouvelle désolante.
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